© Textes Rares (à
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EUSTORG DE BEAULIEU. (mort en 1552.)
Ballade d'aucunes mauvaises coutumes qui
règnent maintenant.
Le temps est changé
grandement
Si chacun bien y
considère
Et nul ne sait
plus bonnement
Comme il se
pourra contrefaire;
On ne
vit oncq telle misère;
(Dieu
nous veuille de pis garder !)
Car nul n'est qui craigne à méfaire
Contre Dieu ni ses père et mère
Chacun veut chacun
gourmander.
On n'estime plus maintenant
Un homme, eût-il le sens
d'Homère
S'il n'est riche et
grands biens tenant
Quoi
qu'il soit trompeur et faussaire.
Et ce sont ceux-là qu'on révère
Sans qu'on les ose brocarder,
Mais quelque pauvre de bon
aire
Soit noble, clerc ou
mercenaire,
Chacun veut
chacun gourmander.
Maints châtient tant
doucement
Leurs enfants
qu'enfin leur font faire
Maints jeûnes sans commandement
Et les chassent de leur repaire,
Et peut-on voir à vue claire
Tel enfant qui devrait
têter,
Qui est jureur,
menteur, trichaire,
Ivrogne,
orgueilleux, fier, austère;
Chacun veut chacun gourmander.
Prince, notre cas ne vaut
guère
Si nous voulons bien
regarder,
Et c'est pitié de
notre affaire
Voyant que,
par grand impropère,
Chacun
veut chacun gourmander.
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